Cancer de la prostate : tout comprendre
Retrouvez dans ce dossier santé toutes les informations dont vous avez besoin pour mieux comprendre et appréhender le cancer de la prostate.
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I) Le cancer de la prostate : définitions et chiffres clés
A) Chiffres clés et faits marquants
- En 2022, plus de 1,4 millions de nouveaux cas de cancer de la prostate ont été diagnostiqués dans le monde. [1].
- A l’échelle mondiale, c’est le 2ème cancer le plus fréquent chez l’homme derrière le cancer du poumon, avec 10 millions d’hommes ayant déjà été diagnostiqués et vivant avec la maladie [1].
- En 2020, on recense 77 300 cas de cancer de la prostate chez les hommes en Afrique subsaharienne [2].
- Dans 40 pays d’Afrique subsaharienne, le cancer de la prostate est le principal cancer incident chez l’homme [2].
B) Comprendre l’anatomie de la prostate
Image issue de : Ameli.fr
L’appareil génital masculin est composé de divers éléments [3] :
- Le pénis, qui constitue l’organe reproducteur externe [3].
- Les testicules, qui représentent une paire d’organes reproducteurs externes, et sont situés sous le pénis [3]. Les testicules produisent les spermatozoïdes et sécrètent la testostérone (hormone sexuelle masculine)
- L’urètre, qui véhicule l’urine provenant de la vessie et qui permet aussi l’éjaculation du sperme
- Les vésicules séminales, qui sont deux poches reliées à la prostate et situées entre la vessie et l’ampoule rectale [3]. Les vésicules séminales et la prostate produisent le liquide qui nourrit les spermatozoïdes et qui représente la majorité du volume du sperme.
- La prostate, qui est une glande de l’appareil génital masculin. Chez l’homme jeune, elle est de la taille et de la forme d’une châtaigne et son volume augmente avec l’âge [4]. Elle se situe sous la vessie, en avant du rectum et elle entoure le début de l’urètre [4]. La prostate est entourée d’une capsule qui permet de la séparer du reste des autres organes du pelvis [4]. La prostate joue un rôle primordial dans l’appareil génital masculin puisqu’elle produit le liquide prostatique qui permet la survie, la maturation et la mobilité des spermatozoïdes ainsi que l’éjaculation.
C) Les principales formes de cancers de la prostate et l’évolution de la maladie
Le cancer de la prostate désigne l’apparition de cellules cancéreuses qui se développent à partir des cellules de la prostate et se multiplient de façon incontrôlée dans cette dernière [5].
Dans 90% des cas, le cancer de la prostate est un adénocarcinome et se développe à partir des cellules épithéliales qui constituent le tissu de revêtement de la prostate [4]. Ces cellules sont sensibles aux hormones sexuelles (testostérone) et les cancers qui en découlent le sont également, c’est pourquoi des médicaments qui bloquent l’action de la testostérone sont utilisés pour les traiter [5].
Cependant, il existe d’autres formes de cancers de la prostate plus rares : les carcinomes et les sarcomes [5].
Les cancers de la prostate connaissent deux stades d’évolution :
- Dans un premier temps, les cellules cancéreuses sont uniquement présentes dans la prostate. Dans ce cas, on parle de cancer localisé ou « intracapsulaire » [5]. Le cancer de la prostate connait généralement une évolution lente (10 à 15 ans) et reste longtemps localisé [5].
- Toutefois, ce cancer peut évoluer et devenir « extracapsulaire ». Dans ce cas, il va franchir la capsule de la prostate. Les cellules cancéreuses vont alors se détacher et passer dans les vaisseaux sanguins ou lymphatiques [6]. Elles vont ensuite envahir les ganglions lymphatiques qui entourent la prostate et d’autres organes, majoritairement les os, le foie, puis les poumons pour former des métastases [6].
II) Les facteurs de risque du cancer de la prostate
Même s’il s’avère difficile d’identifier spécifiquement les causes des cancers, leur apparition peut être favorisée par des facteurs de risque non modifiables ou comportementaux.
A) Les facteurs de risque non modifiables
Le cancer de la prostate peut être le résultat de différents facteurs non modifiables :
- L’âge : il est le principal facteur de risque des cancers de la prostate [4]. Les hommes de plus de 70 ans sont considérés comme des personnes à risque et ce risque augmente avec l’âge [7]. Avant 40 ans, le cancer de la prostate est considéré comme un cas exceptionnel [7].
- Les antécédents familiaux: l’historique familial joue un rôle dans l’apparition du cancer de la prostate. On estime que 20 % des cancers de la prostate sont liés à une forme familiale, c’est-à-dire qu’au moins deux cas de cancers de la prostate se sont déclarés chez des parents du premier degré (père, frère) ou du second degré (grand-père, oncle) [7] du patient atteint. D’autre part, 5% des cancers de la prostate sont liés à une forme héréditaire [7]. Cette forme se définit par l’existence d’au moins 3 cas de cancer de la prostate chez les parents du premier ou du second degré ou de 2 membres de la famille diagnostiqués avant 55 ans.
- L’origine ethnique : Les hommes d’origine africaine (afro-antillaise) sont plus exposés au cancer de la prostate que les hommes de type caucasien (blanc) ou asiatiques [3].
B) Les facteurs comportementaux ou liés aux habitudes de vie
Certaines habitudes de vie pourraient favoriser la survenue de cancer de la prostate même si le lien n’a pas été totalement établi :
- Le surpoids et l’obésité [7].
- Une forte consommation de produits laitiers ou de charcuteries [7].
- Le tabagisme [7].
III) Les symptômes du cancer de la prostate
En règle générale, le cancer de la prostate se manifeste par une augmentation du volume de la prostate mais cette augmentation peut également être due à d’autres pathologies telles que l’hypertrophie bénigne de la prostate [8].
Ainsi, en plus d’une augmentation du volume de la prostate, l’apparition de plusieurs symptômes doit alerter le patient :
- Des troubles urinaires notamment avec l’apparition d’un besoin fréquent d’uriner, d’un faible débit ou de difficultés à produire un jet constant [6]
- La sensation de ne pas avoir vidé complètement sa vessie [8]
- Des fuites urinaires [8]
- Des infections urinaires (cystite ou prostatite) [8]
- La présence de sang dans l’urine ou le sperme [8]
- Des éjaculations douloureuses accompagnées de troubles de l’érection [8]
- La présence de douleurs dans le bassin, les hanches ou le haut des cuisses [6]
- Lorsque le cancer de la prostate a envahi d’autres organes, le patient peut souffrir de fatigue, de nausées, de perte de poids et d’appétit. [6]
Il est impératif de consulter rapidement votre médecin si vous présentez certains de ces symptômes.
IV) Le diagnostic et le traitement du cancer de la prostate
A) Le diagnostic
Le diagnostic du cancer de la prostate est réalisé en plusieurs étapes.
Tout d’abord, le médecin s’entretient avec son patient dans le but de connaître ses antécédents personnels et familiaux et l’existence de symptômes pouvant signaler la présence d’anomalies de la prostate [8]. Il procède ensuite à un examen clinique en pratiquant le toucher rectal qui consiste à palper la prostate en introduisant l’index dans le rectum pour vérifier le volume, la surface et la consistance de la prostate [8].
Si l’examen clinique révèle des anomalies, le médecin peut demander au patient de réaliser les examens suivants :
- La mesure du taux sanguin de PSA (Antigène Prostatique Spécifique) qui est une substance produite par la prostate et dont le taux peut être révélateur du cancer [8].
- Une échographie transrectale : une sonde est insérée dans le rectum du patient pour permettre au médecin de visualiser toutes les parties de la prostate [8].
- Une biopsie de la prostate : elle permet de déterminer si une cellule est cancéreuse ou non [8]. Elle consiste à réaliser sous anesthésie locale, par voie transrectale, a minima 12 prélèvements à différents endroits au niveau de la paroi de la prostate sous guidage échographique [8]. Cet examen permet de confirmer le diagnostic de cancer et d’en donner les caractéristiques.
B) Le traitement
En fonction des informations recueillies lors du diagnostic, un traitement adapté devra être administré au patient en tenant compte des caractéristiques de son cancer, de son âge et du stade d’évolution de la maladie [10]. Le traitement du cancer de la prostate nécessite des compétences pluridisciplinaires et fait appel à au moins 3 spécialistes : un chirurgien urologue, un oncologue et un radiothérapeute [10].
Les différents traitements du cancer de la prostate sont :
- La surveillance active initiale
La surveillance active est proposée dans le cas où le cancer du patient est localisé et ne présente qu’un faible risque d’évoluer. Dans ce cas, on ne donne pas de traitement immédiat au patient mais on surveille activement l’évolution du cancer au moyen de différents examens réalisés régulièrement.
Lorsque les médecins constatent que le cancer évolue, le traitement est rapidement mis en route [10].
- Le traitement chirurgical
Ce traitement consiste à pratiquer une prostatectomie totale ou radicale afin de retirer la prostate et les vésicules séminales [10]. Dans certains cas, le chirurgien pratique un curage ganglionnaire pour enlever les ganglions lymphatiques voisins [10].
Il est rare que des complications apparaissent suite à cette intervention. En revanche, la prostatectomie engendre des effets secondaires fréquents et prolongés comme des troubles urinaires ou sexuels [10].
- La radiothérapie externe
La radiothérapie externe est souvent utilisée pour détruire les cellules cancéreuses grâce à des rayons X [10]. La radiothérapie doit être effectuée selon un programme régulier, en moyenne 1 séance par jour, 4 à 5 jours par semaine, pendant 6 à 8 semaines [11]. Elle présente quelques effets indésirables tels que des troubles urinaires, sexuels et digestifs [10].
- La curiethérapie
Il s’agit d’une forme de radiothérapie qui consiste à poser des implants radioactifs dans la prostate du patient près de la tumeur [10]. Ces implants permettent de détruire les cellules cancéreuses grâce aux radiations émises [10]. Pratiquée sous anesthésie locale, la curiethérapie est préconisée dans les traitements des cancers localisés à faible risque d’évolution. La radioactivité reste contenue dans la prostate et ne se diffuse pas dans le reste du corps. [10].
- Le traitement médicamenteux
Pour lutter contre les cancers de la prostate, il existe 2 types de traitements médicamenteux :
- L’hormonothérapie : Ce traitement permet de bloquer les hormones masculines, particulièrement la testostérone qui favorise le développement de cellules cancéreuses [10].
- La chimiothérapie: elle est généralement administrée par perfusions intraveineuses et consiste à détruire les cellules cancéreuses par l’administration de substances chimiques [10]. La chimiothérapie est recommandée lorsque le cancer a évolué à un stade plus avancé et a produit des métastases [10]. Elle peut être associée à l’hormonothérapie dans certains cas.