Les démences : comprendre, prévenir, accompagner
Qu'est-ce que les démences ? Comment en reconnaître les symptômes et comment s'en prévenir ? Découvrez notre dossier santé dédié pour en savoir plus !
Publié le
I. Définition
Le terme démence regroupe différentes pathologies qui affectent la mémoire, la pensée, le raisonnement, le comportement et les capacités quotidiennes. Ce n’est pas une maladie unique, mais un syndrome qui peut avoir plusieurs causes. Les démences sont pour la majorité dites dégénératives, ce qui veut dire que les symptômes s’aggravent avec le temps et les fonctions cognitives vont être de plus en plus touchées [1].
Chiffres clés
- La maladie d’Alzheimer est la cause la plus courante de démence, responsable de 60 à 70 % des cas [1].
- Selon l’OMS, en 2021, 57 millions de personnes dans le monde, dont plus de 60 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, étaient atteintes de démence [1].
- La démence constitue aujourd’hui la septième cause de mortalité dans le monde, ainsi qu’une des principales sources d’invalidité et de dépendance chez les personnes âgées [1].
- Selon l’OMS, chaque année, on compte près de 10 millions de nouveaux cas, ce qui implique un nouveau cas toutes les 3 secondes [1][2].
- Le nombre de personnes atteintes de démence s’accroît et pourrait atteindre 78 millions en 2030, puis grimper à 139 millions d’ici 2050, selon le rapport de l’OMS datant de 2021 [3].
- Contrairement aux idées reçues, la démence ne touche pas exclusivement les personnes âgées. La démence d’apparition précoce (définie comme l’apparition des symptômes avant l’âge de 65 ans) représente jusqu’à 9 % des cas [1].
II. Les causes
Les démences sont causées par des lésions dans les cellules cérébrales qui empêchent une communication normale entre elles. Cette altération affecte les mécanismes de la pensée, du jugement, et de l’apprentissage entraînant une détérioration progressive des fonctions cognitives [4]. Ces lésions peuvent résulter de différentes maladies ou troubles :
- Maladie d’Alzheimer : provoquée par l’accumulation anormale de deux types de protéines qui altèrent puis détruisent les neurones [2].
- Démence vasculaire : liée à une mauvaise irrigation du cerveau due à des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou des infarctus cérébraux à répétition, entraînant la mort de certaines cellules cérébrales [5].
- Démence à corps de Lewy : causée par la présence anormale de protéines (corps de Lewy) dans les cellules nerveuses, affectant les fonctions cognitives et motrices [6].
- Démences fronto-temporales : dues à la dégénérescence des lobes frontaux et temporaux du cerveau, qui régissent le comportement, les émotions et le langage [7].
- Des facteurs de risque modifiables augmentent la probabilité de développer une démence : âge avancé, hypertension, diabète, tabac, inactivité physique, mauvaise alimentation, isolement social et faible stimulation cognitive [1][4].
III. Les formes principales de démences
Bien que certains symptômes soient communs à plusieurs types de démence, chaque forme se distingue par des causes et des manifestations spécifiques. Parmi les principales formes, on compte [4] :
- Maladie d’Alzheimer : elle représente 60 à 70 % des cas [1]. Elle débute souvent par des troubles de la mémoire récente, puis s’étend à d’autres fonctions comme le langage, l’orientation, la reconnaissance des visages ou la prise de décision. L’évolution est progressive [2].
- Démence vasculaire : elle survient souvent après un accident vasculaire cérébral (AVC) ou plusieurs petits AVC. Les symptômes peuvent apparaître de façon plus brutale et évoluer par paliers avec des troubles de l’attention, de la planification ou du raisonnement [5].
- Démence à corps de Lewy : associe troubles cognitifs, hallucinations visuelles et troubles moteurs similaires à ceux de la maladie de Parkinson (raideur, lenteur des mouvements) [6].
- Démences fronto-temporales : surviennent plus tôt (entre 45 et 65 ans). Elles provoquent des changements de comportement marqués (désinhibition, perte d’empathie, impulsivité) ou des troubles progressifs du langage, selon la zone cérébrale atteinte [7].
IV. Les symptômes
Les symptômes de la démence varient en fonction de son type et de son degré d’évolution. Ils apparaissent le plus souvent de façon progressive et tendent à s’aggraver avec le temps. On distingue généralement trois stades d’évolution, chacun associé à des signes cliniques caractéristiques [4] :
Phase 1 : la phase dite initiale, qui correspond à l’apparition des premiers symptômes, généralement légers et relativement discrets [4] :
- Pertes de mémoire récentes
- Troubles du vocabulaire avec des difficultés à trouver ses mots
- Troubles de la pensée
- Pertes d’objets fréquente
- Difficultés à suivre une conversation ou à prendre des décisions
- Difficultés à accomplir des tâches quotidiennes
Phase 2 : la phase dite intermédiaire qui se caractérise par une aggravation des symptômes, rendant la vie quotidienne des patients de plus en plus difficile [4] :
- Difficultés à apprendre de nouvelles informations
- Difficulté à reconnaître ses proches ou des objets
- Trouble du langage
- Confusion dans l’espace et le temps
- Comportements répétitifs ou inhabituels
- Psychose chez environ 10% des personnes atteignant ce stade
Phase 3 : la phase avancée, également dite sévère, où les capacités cérébrales sont presque totalement altérées, rendant la vie normale extrêmement difficile pour les patients et leur entourage [4] :
- Dépendance totale aux autres pour les activités quotidiennes
- Incapacités à se souvenir des proches ou de son propre reflet dans le miroir
- Altération sévère du langage
- Perte de mobilité partielle ou totale
- Comportements agressifs, anxiété, hallucinations ou apathie
V. Prévention et traitements
À ce jour, il n’existe pas de traitement permettant de guérir la démence. Toutefois, il est possible d’agir sur certains facteurs de risque pour prévenir ou retarder son apparition et de mettre en place des stratégies pour ralentir l’évolution des symptômes.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, jusqu’à 40 % des cas de démence pourraient être évités ou retardés en adoptant de bonnes habitudes de vie [1].
Prévention
Plusieurs mesures simples et accessibles peuvent contribuer à protéger la santé cognitive [1] :
- Pratiquer une activité physique régulière ;
- Stimuler son cerveau grâce à des activités intellectuelles (lecture, jeux de mémoire, apprentissage) ;
- Maintenir une vie sociale active pour préserver le bien-être mental ;
- Éviter le tabac et limiter la consommation d’alcool ;
- Adopter une alimentation équilibrée ;
- Surveiller et traiter les facteurs de risque cardiovasculaires : hypertension, diabète, cholestérol.
Traitements
Bien qu’il n’existe pas de traitement curatif à date, certaines approches permettent de soulager les symptômes et d’améliorer la qualité de vie [1] :
- Des médicaments spécifiques peuvent aider temporairement à préserver les fonctions cognitives ou à gérer les troubles du comportement.
- Un accompagnement personnalisé est essentiel : soutien psychologique, aide à domicile, aménagements du quotidien et accompagnement des proches et aidants.
En conclusion, la démence reste un sujet encore trop stigmatisé, ce qui accentue l’isolement des personnes concernées. Mieux comprendre ces troubles et adopter une approche bienveillante permettraient pourtant d’améliorer leur qualité de vie. Il est essentiel d’en parler, de lutter contre les idées reçues et de consulter un professionnel de santé dès les premiers signes. Enfin, adopter un mode de vie sain reste l’un des meilleurs moyens de réduire les risques. La prévention commence par l’information.
POI 1090-07/25
Sources
[1] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/dementia
[2] https://alzheimer-recherche.org/quest-ce-que-la-maladie-dalzheimer/